Après ces émotions tu te sens toujours un peu vide. Tu ne sais pas si tu as faim, soif, ou sommeil. Tu t’assoies sur une chaise et tu regardes autour de toi dans la pièce qui sert aussi bien à faire à manger qu’à travailler sur une table. Ta cuisine ressemble à toutes les cuisines que tu as connues. Seul le frigo aujourd’hui a quelque chose d’inhabituel. C’est ton frigo, le même qu’hier et avant hier, mais sans doute ton regard s’est un peu modifié sous l’effet du stress, que tu évacues encore péniblement. Ce frigo, à la différence des autres meubles et objets qui composent une tapisserie fonctionnelle, il ne te semble plus aussi familier qu’avant. Comme si la présence du meuble disproportionné, un peu grotesque par ses dimensions dans un appartement trop petit, était le témoin d’une intention extérieure, d’une volonté artificielle. Tu dois avoir l’estomac trop vide pour penser normalement. Tu te lèves, ouvres ce frigo. Il est vide. Ça tombe bien les frigos pleins t’angoissent. Vide à l’exception d’un yaourt, tout seul sur les barres portantes à mi-hauteur. Tu attrapes ce yaourt, et cherche par réflexe de survie la date de péremption, mais ce que tu découvres, c’est autre chose. L’étiquette autour du petit pot est ornée seulement d’un jeu à gratter. Comme les jeux dans les bureaux de tabac, qui promettent des gains, des cadeaux. Rectangle recouvert d’une fine couche argentée, qu’on gratte avec les ongles ou la tranche d’une pièce.

D’habitude ce genre d’arnaque te laisse indifférent⋅e.


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